Je dirais bien que Yaporigami est surtout célèbre pour avoir posé un remix dévastateur sur l’album de Trdlx. Mais je ne vais pas le faire. Tout d’abord parce que c’est faux, heureusement pour lui, et surtout parce que ça pourrait apparaître aux yeux de nos aimables lecteurs comme un énième rappel malvenu. Yaporigami est comme beaucoup de musiciens dont on parle dans nos lignes : connu de ceux qui le connaissent. Et c’est déjà pas mal.
Il a sorti un double album sur l’aujourd’hui bien trop rare label japonais Symbolic Interaction et a été invité à réaliser un mix pour le « renommé » media Secret Thirteen. Son fait d’armes le plus exposé fut l’éreintante orgie noise/glitch Noble Niche, publiée sur le jadis remarquable Mille Plateaux et sous un autre nom : Yu Miyashita. Avec son Drudged Torn Routine sous le bras, il s’ouvre les portes d’un label bien connu pour abriter des pointures reconnues et adeptes d’une synthèse techno/IDM/Sound Design comme Exillion, Phoenecia, Valance Drakes, et, surtout, Richard Devine.
Au rayon des froids et frontaux rouleaux compresseurs industriels dépourvus de toute pitié, le présent long format est à placer en très haute estime. Parce que derrière une démarche légèrement nihiliste, il se dégage de ces huit titres une rigueur rythmique impressionnante, une somme considérable de détails de composition et d’échavaudage qui méritent de le distinguer plus particulièrement de la masse des productions actuelles dans le même genre.
Certains regretteront peut-être le manque de nuance et l’absence de moments propices à la respiration. A ceux-là, avançons que dans ces courants musicaux abrasifs, une radicalité souvent trop grossièrement affichée se révèle souvent avec le temps telle une posture un peu vaine, voire factice pour les cas les plus désespérés (désespérants ça marche aussi). Et que justement, dans le cas de l’album aujourd’hui présenté, les contours jusqu’auboutistes d’un beating déjà bien rugueux résonnent plutôt de manière spontanée et servent bien un concept pas trop « branlette » et aisément repérable.
Au milieu de cette démonstration de puissance et de radicalité tout à fait remarquable, on soulignera quand même deux titres tout bonnement excellents : Was et Were. Le japonais y déchaîne des déflagrations supplémentaires semblables à des bombes à fragmentation, froisse le beat comme des visages de papier.
Seul bémol, qui pour moi vaut son pesant. Je me demande si cette radicalité tout à fait louable méritait d’être associée à un master aussi plat dans les dynamiques et dans les contrastes. Je ne parlerai même pas du choix par le label de la sortie au format K7, qui, pour moi, sera toujours une infamie régressive autant au niveau de la qualité du son que dans sa volonté de raviver un objet tombé en désuetude que seuls les pires hipsters chérissent.