Il y a quelques semaines, on vous vantait les qualités de The Body, premier album de Prince Of Denmark. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que ce LP s’est retrouvé dans notre top 10 des meilleurs albums techno/house de 2013. En fin de chronique, on insistait sur l’explosion artistique du bonhomme et du label Giegling, basé à Weimar (modeste ville paumé au cœur de l’Allemagne). C’est que Prince of Denmark a décidé de passer la vitesse supérieur depuis un an, multipliant les sorties et projets. D’ailleurs, c’est avant tout sous l’avatar de Traumprinz que l’on a appris à connaître ce talentueux producteur (on en sait guère plus sur lui) dont Mothercave est le premier long format et qui saura combler les fans les plus obtus de raw-house lancinante.
A la différence de The Body, Mothercave privilégie l’éclatement à la rigueur. Alors que The Body était principalement destiné aux clubs, Mothercave s’oriente davantage vers une écoute domestique. Même si on retrouve une esthétique raw-house moite et salace, les tracks s’enchainent sans jamais se ressembler. C’est ainsi qu’en 9 titres, Traumprinz en profite pour nous étaler sa science de lancinance, via une exploitation poussée d’un matériel analogique aux sonorités cradingues. L’album a beau proposer une esthétique D.I.Y. avec son grain permanent et une absence de compression, il n’en demeure pas moins brillamment produit.
Mothercave multiplie les références pour mieux transfigurer cette vieille dame qu’est la house-music (version puriste). C’est principalement le hip-hop qui sert de référence à Traumprinz, que ce soit sur la raw-house vicieuse et dubby de One Love ou bien lors des 8 minutes downtempo et sous perfusion Ninja Tune de The Monkey. Traumprinz s’offre même une escapade nocturne drum’n’bass toute en finesse et résolument old-school sur There Will Be XTC.
Malgré le mélange des genres, l’album demeure continuellement lancinant, n’hésitant jamais à pousser à l’extrême le psittacisme d’un seul et même mot, comme un mantra vous pénétrant lentement le corps pour vous obliger à finir chaque titre en ondulant négligemment votre bassin. A ce petit jeu, les deux titres deep-house de l’album sont exemplaires (bien que trop courts) : Mothercave, pour ses lignes circulaires anesthésiantes, et Believe, pour ses rondeurs classieuses.
Les fans de The Body de Prince of Denmark trouveront en Mothercave un album parfaitement complémentaire, adapté à une écoute lascive. Les autres, ceux qui ont trouvé The Body trop rêche, comprendront enfin en quoi ce producteur est une des valeurs house à suivre de près.