Après un format court paru l’an dernier chez Avian et dont les qualités se cantonnaient aux rangs de belles promesses, la clique scandinave constituée des pointures Varg, Christian Stadsgaard (Damien Dubrovnik, Vanity Productions) et Isak Hansen (Iron Sight) se devait de débouler sur Northern Electronics avec un long format qualitatif sous le bras. Le bien nommé Rave étant une des plus belles galettes jamais publiées par l’antre suédoise, on peut d’ores et déjà considérer l’essai comme plus que brillamment transformé.
Plus qu’un simple album, Rave est présenté comme un véritable manifeste techno. A destination certes de toute une culture, mais surtout vers la modernité et un auditoire qui n’était pas forcément né durant l’âge d’or.
Même s’il n’est pas vivement conseillé d’en parler, « l’esprit rave » ne doit pas son déclin qu’aux sévères vagues de répressions policières et politiques. Beaucoup de ceux qui se sont présentés en relais du flambeau, parés de vertu et brandissant l’étendard de la liberté absolue, se sont en fait comportés en véritables fossoyeurs d’une culture pour alimenter une pompe à fric qui ne semble pas avoir de limites. On ne compte plus les orgas et tourneurs toujours plus avides de présenter les mêmes pousse disques embourgeoisés à une plèbe non moins nantie dans des lieux faussement alternatifs et réellement aseptisés. Tu auras j’en suis sûr reconnu les chipsters de Concrete, quelques punks à chats bordelais, les résistants du Time Warp et tous ceux qui ont calqué le modèle économique prôné par Angela Merkel sur ce qu’aurait dû rester Berlin. Pour être encore plus précis, on peut englober à tout ce charmant macroncosme ceux qui attendent un bon disque de Richie Hawtin en 2018 (ou un feat. avec Ben Klock), ceux qui s’étonnent encore de voir Ricardo Villalobos n’honorer qu’une date prévue sur vingt. Ce sont d’ailleurs souvent les mêmes qui espèrent prendre un selfie avec Ellen Allien dans les chiottes du Berghain. Bref, Daesh n’étant plus, on ne peut même plus leur demander ce qu’ils attendent pour faire des dérapages en char Abrams dans Kreuzberg et ainsi, signifier à tous ces apostats que leur triste fête est finie.
On peut reprocher bien des choses à ces nouveaux rois arrogants venus du froid et dépourvus de sourires, mais on peut reconnaître sans mal que l’alternative qu’ils posent sur le milieu depuis déja quelques années a quand même une sacrée gueule. Rave est une synergie de compétences, qui sait allier la sombritude à l’hédonisme et fusionner l’agression à l’émotion. Rave est un cocktails de projectiles célébrant la courte portée, le fracas de corps capables d’abattre symboliquement les murs des clubs pour vivre librement et rapidement ses sombres rêves à ciel ouvert. Rave est un album qui crie sa fureur comme les fous le font les soirs d’orage. Un glaviot DIY dans la gueule de celles et ceux qui avaient cru kidnapper son héritage.
Northern Electronics continue avec quelques autres d’écraser la planète techno. Avec plus qu’un hommage au plus que regretté Mika Vainio. Faire fusionner Samuel Kerridge et Alberich ? Certains en rêvaient. Varg et ses potes l’ont fait. Toi aussi, pousse des cris d’amour comme un loup orphelin des steppes dancefloor par dessus l’acension et les synthés soyeux de Fast Forward. Une véritable buterie. And Nothing Else Matters.
« Northern Electronics continue avec quelques autres d’écraser la planète techno »
Je découvre le label et je me régale. Vous auriez les noms de ces « quelques autres » pour continuer ? (je découvre aussi le site grâce à ce disque et cette chronique, j’imagine qu’en lisant deux-trois autres critiques, j’aurai déjà qqs idées)
Merci 😉
Et bien je te conseil Anthony Linell alias Abdulla Rashim ou encore l’excellent Penelope’s Fiance.