Même si peu exposée en dehors de ses propres cercles, la scène industrielle et expérimentale italienne est un vivier de talents assez impressionnant. Bologne y concentre en son sein une part non négligeable, cette ville suintant la culture et les arts par tous ses pores et ce depuis maintenant des siècles. Nico Pasquini, aka Stromboli, vient de là. Tout comme le label qui l’héberge, Maple Death Records, qui s’évertue à transcender les velléités noisy même là où on ne les attend pas. Cette crèmerie est par ailleurs particulièrement à suivre pour celles et ceux qui répondent aux appels du désormais très à la mode courant post-punk. Nous y reviendrons peut-être dans ces colonnes un autre jour. Pour l’heure, célébrons le magma de Stromboli.
Les effusions ambient/noise ont depuis quelques années le vent en poupe. Pour ne citer qu’un membre symbolisant parfaitement cette luxuriante frange, Roly Porter est l’exemple parfait à name dropper. Parce qu’il représente bien ce courant très arty, pas assez avare en terme de concepts tout azimut, souvent démonstratif et en recherche du clinquant. Tout ceci conduisant très souvent à une intellectualisation très/trop importante de la musique dite expérimentale. Attention, j’aime beaucoup Roly Porter.
Quitte à se révéler moins immédiatement, la musique de Stromboli est autrement plus spontanée, plus cathartique aussi, transpire le one shot lors d’une crise d’angoisse de nuit sans lune. Les érudits diront même qu’elle peut être qualifiée d’archaïque. Pour ma part, je dirais surtout que le jeune italien n’a pas peur de regarder derrière lui ses illustres aînés et d’embrasser leur influence. Coil et Throbbing Gristle en tête de gondole.
Avec le temps, j’ai appris à apprécier ne pas comprendre comment un artiste parvient à tel ou tel résultat. Avec l’habitude, l’oreille parvient bien sûr à discerner méthodes et instruments cachés. Dans le cas de Stromboli, j’imagine que l’utilisation de bandes magnétique, d’instruments de réverb’ cachalote et de certains synthés servent le propos lo-fi. Le dossier de presse m’apprend également qu’il s’est servi du célèbre tape recorder Revox A77 et d’une guitare lap steel, mais c’est tout. Le reste, comment il fait tout ça, je n’y comprends rien. Et j’avoue que ça me plaît bien.
Durant moins de trente minutes et principalement cousu de formats très courts, Volume Uno est pour moi un glaviot hautement chargé en radicalité et en parano. Une fusion pétrie de reliefs et de contrastes. Un collage de gros murs de son, une amputation à la petite cuillère sur la techno et la musique industrielle de pratiquement tous leurs membres percussifs. Ceci pour déverser une lave contemplative faussement nihiliste. Un coup de sirocco grégeois sur une terre endolorie et blême. Le souffle narquois d’un totalitaire incendie fertilisant les crises en thème.
Stromboli est recommandé aux auditeurs qui savent laisser du temps aux disques. Sorti en février, j’ai mis plus de six mois à dûment l’apprécier. Jusqu’à en faire un partenaire particulier. Des titres comme Drag Phases, Downwards, Glow et Basedow Graves sont même devenus complètement addictifs. Parfaitement inconnu dans nos contrées, Stromboli est donc plus que jamais un artiste à découvrir. Le pire est que son meilleur est encore sans doute à venir.
Cher Vincent,
Mes remerciements infinis pour ces fabuleuses découvertes ! Heureuse de voir que tu restes un chroniqueur toujours aussi exigeant et passionnant.
Élodie
Merci à toi pour la constance de ton intérêt.