Ce qui va suivre sera bref. En effet, je n’ai à peu près rien à vous raconter concernant Rrose. Selon les sources, l’homme (voire le collectif mouvant) est soit anglais, soit américain. Cette seule information n’étant même pas tangible, me voilà condamner à meubler avec rien. Ce qui est sur c’est que le producteur anglophone n’en finit plus depuis 3 ans de prendre du galon. C’est par le biais de -feu- Sandwell District que Rrose a pu sortir ses premiers EP techno ravageurs. En fonçant tête baissé dans le mur d’enceintes, Rrose s’est vite taillé une réputation d’esthète techno bourrin. Puis le gars a fondé son propre label, Eaux, et a ralenti quelque peu le tempo pour devenir de plus en plus organique, jusqu’à la sortie d’un ultime EP chez Stroboscopic Artefacts l’an dernier. En gros, si vous êtes habitué à lire les chroniques techno de SWQW, vous avez compris où vous foutez les pieds : immersion, violence sourde et architecture sonore.
Eating The Other est le dernier EP en date du bonhomme et c’est un bel uppercut que l’on se bouffe dans la tronche. Si vous cherchiez de quoi terrasser un dancefloor, vous allez être servi, d’autant que l’EP ouvre sur Pentagons, morceau taillé pour un peak time musclé. Les sons ricochent sur un beat rageur et la gradation débute. Le titre devient de plus en plus offensif et physique, de plus en plus mental et immersif, avant de se fragmenter dans sa deuxième partie, annihilant tout sur son passage. Pentagons c’est du Kangding Ray bouffant du Sigha, de la violence géométrique. Le deuxième titre permet de ralentir le tempo tout en maintenant la pression. Ammonia est un trip tropical rythmé par une pulsation cardiaque apparaissant comme une synthèse angoissante des travaux de Lucy et Shackleton. La bassline est accablante, vous laissant pourrir dans une moiteur morbide. Les 11 minutes de Mirror clôturent l’exercice en vous abandonnant en plein orage magnétique. Bien qu’épousant une structure parabolique plus classique, le titre n’en finit plus de superposer les couches avant de basculer dans des modulations acides assassines.
Avec ce nouvel EP, Rrose passe du statut d’ouvrier préposé au marteau-piqueur à celui de chef de chantier. Eating The Other nettoie tout sur son passage, tout en restant continuellement suffisamment intelligent pour ne pas tomber dans la violence primaire. Voici sans doute un des plus puissants EP techno de l’année.