J’en ferai bien des caisses sur le parcours et l’identité de Pact Infernal, mais une chape de plomb semble entourer ce qui se passe derrière le rideau. Certains parlent d’un duo, quand d’autres évoquent une seule et même personnalité. Après deux formats courts remarquables et remarqués, du fricotage avec des pointures techno comme Lucy ou Svreca, le projet fut attendu et fantasmé au tournant dès l’annonce d’un premier album de longue durée. Sorti il y a quelques semaines chez Horo, Infernality porte définitivement bien son nom et se révèle comme une poutrasse sybillinne d’exception.
Produit avec grand soin sans pour autant verser dans le sound design ultra-léché, Infernality est probablement l’oeuvre d’une entité au lourd passé techno (ou passif, selon les sensibilités). La rigoureuse construction métrique de certains morceaux et l’appui de percs solidement choisies devraient corroborer cette théorie auprès des diggers avertis. Les rares « artistes » techno à conserver un intérêt sont d’ailleurs ceux qui ont fait le choix de se convertir aux sentiers ambient de la sensation, allant à la rencontre d’un auditoire certes plus poseur et arty, mais autrement moins abruti que celui qu’on rencontre sur les dancefloors bercés aux mauvais produits.
Les derniers récalcitrants sont par ailleurs invités à prendre un taz pendant l’écoute d’Infernality. Ceci non pas pour sponsoriser la psychiatrie, mais plutôt pour assainir les cercles grégaires et consanguins des nuits de Paris.
A chacun sa vision de l’enfer les petit(e)s.
Infernality est un marathon dans un dédale pavé de braises et de sombres intentions. Cousu de souffles lents mais sûrs, de ceux qui font sortir le cerbère de ses gonds et plaquent les imprudents aux murs de leurs lamentations. On y danse lentement, les yeux rivés vers l’en dessous, seulement vêtus du sang des chipsters et des scalps de putafranges. Les centaures filent des coups de sabots aux séraphins sous les clins d’oeil lubriques des gorgones. Même l’air semble transpirer le règne du feu. Rien ne saurait interrompre cette transe orgiaque si ce n’est ce pernicieux et permanent appel à partir en chasse. Pour perpétuer la purge et la saignée. Salutations au prince des ténèbres, car par toi mon âme flétrie.
Merde, j’ai encore drifté.
Certains pourront reprocher à cet album d’être encore un peu trop propret pour pouvoir prétendre aux profondeurs infernales. Le déploiement d’un arsenal de contrastes et de textures impressionnant devrait les calmer. La dynamique, autant sur le plan rythmique que de l’ambiance générale, est aussi dérangeante que délicieuse. Malgré sa très longue durée, on y retourne donc jusqu’à la nausée.
Pact Infernal livre ici un avant goût de l’enfer, à ne pas mettre entre toutes les mains. Il est fortement conseillé aux aventuriers de se plonger dans les cinq minutes de Death & Rebirth avant l’apnée complète. Hello Darkness My Old Friend, il est temps de pactiser avec le malin. Et de lui mordre le sein.
Je viens de découvrir ce fabuleux site et je n’en suis absolument pas déçu, bien au contraire.
C’est une vrai caverne d’alibaba ici… Merci !
Merci pour cette pépite! Je passe pas souvent sur le site mais y’a toujours des trucs incroyables à savourer 🙂
Merci. C’est la vocation première du site.
je suis pas intelligent mais c’est quoi cette vidéo amelie lens @ laplage
« A chacun sa vision de l’enfer les petit(e)s. »