Il y a quelques jours, on vous parlait d’Opal Tapes (par le biais de l’excellent album deep-house de Patricia) et de son influence actuelle sur la scène électronique. Le label de Stephen Bishop (aka Basic House), se reposant sur une quantité astronomique de sorties depuis 2 ans, étale désormais son esthétique à un public de plus en plus large. Opal Tapes a beau jouer dans toutes les catégories, de la techno à l’ambient, son esthétique générale reste immédiatement reconnaissable : un esprit D.I.Y. dans un corps punk.
Lumisokea est un duo italo-belge, Andrea Taeggi et Koenraad Ecker, déjà auteurs de deux albums (que j’avoue n’avoir jamais écouté). Apophenia est un EP de 5 titres à la radicalité aussi éprouvante que jouissive, donnant l’impression d’écouter une production Raster Noton passé à la moulinette Emptyset. Le résultat est une techno aussi frontale que spectaculaire, le duo passant son temps à ouvrir des portes qu’il ne refermera jamais. Chaque titre déploie ainsi un motif initial en apparence simple avant de progressivement surcharger l’espace sonore pour mieux le taillader à coups de scalpel. L’écoute est épuisante mais le résultat tellement impressionnant qu’il force le respect.
Lumisokea semble constamment improviser, laissant l’auditeur sur la défensive, ne sachant pas à quel moment il va se faire bouffer le cerveau. C’est ici que le terme d’apophénie révèle tout son sens, lorsque les abstractions techno du duo vous pénètrent profondément l’esprit pour mieux jouer avec la réalité. Les 5 titres se répondent alors, s’imbriquant les uns les autres pour aboutir à une construction mentale labyrinthique où la porte d’entrée veloutée laisse place à une sortie cataclysmique. De ces 30 minutes, vous retiendrez surtout une envie de tout démolir pour rien reconstruire.
Opal Tapes poursuit brillamment son entreprise de défrichage des marges. Lumisokea ne prend pas des pincettes et taille directement dans le gras avec cet EP dévastateur, véritable chevauchée des Walkyries technoïde.