Vincent Pierre Claude Belorgey. Déjà, le nom donne envie de porter plainte.
Kavinsky a commencé sa carrière d’artiste électronique en 2005, en exhibant avec fièreté son goût pour tout ce que les années 80 ont enfanté de pire. Il est proche de Quentin Dupieux (Mr Oizo) et de presque tous les princes de la truelle french touch, de l’élite des batisseurs électropupute que compte Paris et sa banlieue hostile (Versailles, Chaville, Le Vésinet). Humaniste devant l’éternel, Dupieux lui propose un rôle dans son long métrage Steack, aux côtés d’Eric, Ramzy et Jonathan Lambert. Son impressionnante biographie ne mentionne pas les autres éléments de son oeuvre complète en tant qu’acteur. Discrets et humbles sont les disciples de Cocteau et Pasolini. Mais ne soyons pas si chafouins, avant de se prendre des cuites au carré VIP du carré VIP du Social Club (les chiottes), Kavinsky postait des tubes sur son Myspace. Il a aussi créé un personnage très proche du futur héros de Drive (autre monument du cinéma indépendant). La dégaine de Marty McFly et le swag de Roger Hanin en plus. Nightcall, tube aussi surévalué que le film sus-nommé en lui même, lui apporte succès et richesse. Les fluokids, les fans de tunning et une bonne partie de ceux qui ont connu leurs premières érections devant Véronique et Davina attendent l’album de pied ferme. Qu’ils se rassurent, l’étron est là, chaud et huilé, avec en plus les talents de producteur de Sebastian pour combler les esthètes.
Il y a une quinzaine de jours se tenait à la Villette une kermesse, une foire à la saucisse pasteurisée : l’anniversaire de Ed Banger. La crème de la crème était là, Pedro en tête (quand t’as Ophélie comme soeur, t’as au moins le droit de réussir ta vie d’entrepreneur). Les témoignages lus et entendus me feraient presque regretter l’épopée de Citizen Records, c’est dire. Kavinsky n’est pas officiellement affilié à cette organisation terroriste soutenue par la presse écrite spécialisée et le sévice public. Mais quand même. Il suit le même sillon fluo hydrocéphale que les éternels rejetons de Daft Punk sont parvenus à installer depuis maintenant 10 ans. Autant dire qu’il mérite de prendre cher, non ? Tout ça pour dire que nul n’a tenté de foutre une bombe en ce temple du mauvais goût, pas même pour restaurer l’honneur posthume d’un Dj Mehdi qui n’aurait jamais dû remixer sa Mezzanine (RIP et respect quand même, ne serait-ce que pour la période Ideal J). L’album mérite donc qu’on s’y penche avec le sens inné et magistral de la nuance qui nous caractérise depuis Chroniques Electroniques. Pas pour générer du clic (en dire du bien en ramènerait bien plus), juste pour se faire plaisir et demeurer des artistes/écrivains ratés, planqués derrière nos ordinateurs, apeurés en repensant aux insultes proférées par Yuksek à l’endroit d’un ancien chroniqueur. La violence est légitime quand elle rétablit la justice. Encore plus quand elle fait taire ses deux membres en les étranglant avec leurs chapelets.
C’est pas tout ça, il faut quand même parler musique. Accordons sans plus tarder à Kavinsky une certaine innocence. De ne pas être le chantre ou le fer de lance du revival 80’s. Ce phénomène tout à fait questionnant vient de très loin. En récupérer la kitscherie et l’ultime mauvais goût passe encore (puisqu’il paraît que le goût n’est pas discutable), mais customiser ces lignes synthétiques faméliques à de vulgaires samples de Dragon Ball Z et de Sankukai, à des riffs hard FM coiffés à l’huile de vidange et associer à ça, en plus, un mix/master digne d’un mauvais disque de rap français et un matériel dont même Jean Michel Jarre ne voudrait pas, c’est de l’outrage en règle. Kavinsky est comme tous ses potes : un vulgaire profanateur qui se sait capable de ne rien inventer, et de s’en réjouir.
Kavisnky est un travailleur acharné. Sur quinze titres de son album, un tiers relève du pur réchauffé. Kavinsky n’est pas le pote de Sebastian pour rien, et manie faders et potards presque aussi bien que lui. Pour camoufler le vide autour de ses compos, il opte pour des sentiers narratifs. Son héros est tel un guerrier de la nuit : un superloser à blazer qui fuit sa connerie dans les artères autoroutières d’une mégalopole sous turbines anémiques. Rythmiquement c’est d’une pauvreté qui dépasse les barrières de l’humain. Chaque séquence expose ses limites avec un sens du mix digne d’un Hell’s Angels. Le fan de K2000 voulait montrer qu’il en avait sous le capot. Il a juste greffé l’écusson d’un âne cabré sur une Ford Orion. Kavinsky est un branleur.
Il démontre également qu’il est incapable de faire évoluer son personnage (et donc sa musique, puisque tout tient là-dessus). Les rares tentatives d’extraire ça d’un scénario à la Fast & Furious tombent complètement à plat. C’est sur le plan chronologique littéralement épuisant. Si Night Call était insignifiant, il ne dérangeait pas pour autant. On reconnaîtra avec une humaine indulgence que Odd Look est à ranger de ce même côté, et passe au milieu des hymnes beaufisant comme papa dans maman un jour de paye. Le cul entre deux sièges baquets, l’autotune et le vocoder, le personnage de Kavinsky s’est pris un mur. Soyons charitables, laissons le crever. Kavinsky est suffisant.
Il existe encore un public pour ce genre de merdes en 2013. Depuis toujours, les lourdingues aiment le lourd. Audio, Video, Disco était pour Tsugi l’album d’une génération. Outrun est un album bien installé dans la crise, dans le désenchantement générationnel et le mauvais goût musical le plus total. L’album de la conne sécrétion.
Comme Fuzati j’ai des rêves d’épidémie et des vaccins en petit nombre. Des envies de déportation symbolique mais militante. Envoyons cette génération au goulag, et noyons ses petits dans l’éther.
Ui c vré