Herva m’étant totalement inconnu jusqu’à la sortie d’Instant Broadcast, il aura fallu un bouche à oreille opportun pour que je daigne y prêter attention. C’est souvent ainsi que l’on fonctionne chez SWQW. Etant donné que l’on se contrefout de suivre comme des béni-oui-oui la grand messe promotionnelle des distributeurs, on opte pour une recherche subjective de nos chroniques à venir. Alors oui, on suit l’actualité, mais on se passe de ses contraintes en misant uniquement sur nos discussions entre potes fans de musiques et ensuite sur notre ressenti face aux albums entendus. Vous pouvez donc rester tranquille, on saura garder notre indépendance.
Tout ça pour dire que malgré le prestige du label Delsin, on n’a pas toujours le temps de tout écouter. On se fie donc de parfois aux recommandation et c’est le cas avec Instant Broadcast, qui commence à susciter une émulation certaine.
Mais qui est Herva ? Il s’agit d’un italien de 23 ans répondant au doux nom de Hervè Atsè Corti. Le mec a déjà sorti un album en 2012 ainsi qu’une maigre collection d’EPs. Voilà pour la bio protocolaire.
Cet album est un sacré bordel ! Herva sort, en toute simplicité, une des partitions house les plus enthousiasmante de l’année. C’est comme si le gars avait ingurgité toute la scène actuelle, de L.I.E.S. à Opal Tapes, pour livrer un patchwork schizophrénique euphorisant. Il y a quelque chose de brillant et terrifiant à la fois chez Herva. En effet, l’album semble résulter d’une improvisation à la limite de l’anarchie alors même que le tout obéit à une maitrise étonnante.
L’album se compose de 12 titres faisant sans cesse le grand écart. Instant Broadcast est autant un album de house qu’une proposition expérimental, jouant sur tous les tableaux possibles, de l’ambient au downtempo, du jazz à la soul,… C’est ainsi que l’on se retrouve avec 12 vignettes au tracklisting interchangeable. C’est d’ailleurs sans doute la limite de l’objet puisqu’on ne peut jamais vraiment lui coller une identité unique tant les propositions sont éclatées.
Cependant, l’album ne souffre d’aucun faiblesse si l’on reste cantonné au cas par cas. Sans tomber dans la chronique « titre par titre », il est quand même bon de souligner quelques fulgurances. Dès l’ouverture, And The Crunch Goes On, on est surpris par l’esthétique hantologique où un magma nébuleux nous place entre bruits indus et piano flottant avant l’arrivée d’une rythmique flirtant avec la jungle. L’entrée en matière est d’une complexité folle mais laisse augurer du meilleur. Ensuite, on piochera allègrement dans le tas avec notamment un Slam The Laptop ghetto, dont la bassline se révèle aussi fat que le boule de Beyoncé, pour aboutir à une house lo-fi épileptique. Mention aussi pour le puzzle free-jazz de Holidays rappelant Cujo en version codée, pour la house solaire filtrée et cuttée à l’extrême de Jointless, ou encore pour l’ambient boueux de 01 (Edit).
Instant Broadcast part dans tous les sens tout en restant toujours exigeant et surprenant. Il y a un côté artisanal et frondeur chez Herva, puisqu’il n’hésite jamais à triturer ses machines analogiques sans politesse aucune. Il en résulte un album anarchique et jouissif. A votre tour ne nous faire confiance désormais et de poursuive le bouche à oreille.