De toutes les récentes initiatives House, Nous est sans conteste l’une des plus bluffantes. Le label hellénique fondé en 2013 n’est encore qu’un nouveau venu dans le game (2 ans c’est finalement bien peu de choses) et pourtant son aura, immense, n’en finit plus de s’étendre, son nom de ricocher sur toutes les lèvres et son catalogue, déjà presque légendaire, de nous faire claquer des sommes indécentes dans des sorties déraisonnablement bonnes.
Le secret du succès, le label le doit certainement à l’incomparable flair de son boss, Georgios M., dont l’ouïe n’a à ce jour jamais ou rarement failli. On comptera certes quelques références anecdotiques à l’actif du label mais que sont-elles face aux implacables productions de Miltiades, Spoiled Drama, Moodcut, face aux rafales brulantes des Ethos Series ? Oui, oui, on sait bien que comme tous tes congénères amateurs de Deep House soulful, tu t’es abruti(e) sur Lost Tape de Mutual Attraction, que tu as prié tes idoles pour une repress du Eleda du Route 8. Tes supplications et moites rêveries n’y ont rien fait, chez Nous la repress n’est qu’une lointaine chimère, tout comme le digital. Mais ça, tu le savais déjà. Ceci étant dit, nous ne ferons pas ici l’apologie de cette orthodoxie underground résurgente complètement claquée. Non mais sérieusement, tout le monde adore le vinyle mais à quasiment 15 balles la plaque (shipping inclus t’as vu), la moindre des choses serait de ne pas avoir à fouiller le net pour un rip miteux simplement pour pouvoir écouter ton skeud sur le trajet du taff. Bref, ménageons, si vous le voulez bien, nos ulcères respectifs et passons au sujet de cette chronique.
Dreams, de suite comme ça, le moniker n’en vend pas des masses, effectivement. Mais après tout, qu’importe le nom. D’ailleurs n’est-ce pas finalement mieux qu’un énième prénom de femme random ou qu’un quelconque mot bêtement privé de ses voyelles ? On est en droit de se le demander et bien plus encore de s’en taper. Aussi banal que puisse être ce pseudonyme, croyez-nous, il n’a rien de mensonger. Peut être même pourrions-nous arguer qu’après s’être passé le maxi en question en boucle sans broncher pendant quasiment deux semaines, la terminologie choisie par le producteur originaire de L.A. ne trahit pas sa connotation méliorative première. Pendant que les sceptiques et les ignorants maturent leur brassin, les autres qui ont sans doute eu l’occasion d’écouter le premier extrait de cet EP, la track éponyme Off The Grid, formidable dérouillée Acid, acquiescent en silence, un sourire à l’embrasure ; les vrais savent comme on dit. Il aurait pu ne s’agir que d’une gemme bordée de vulgaires caillasses mais, très honnêtement, si tel était le cas tu te doutes bien que nous n’en serions pas là.
La track en question est d’ailleurs une excellente synthèse de la teneur du maxi. On y retrouve un léger grain lo-fi, loin de la surenchère des saloperies xeroxées que l’EdgeRank FB dégueule sur nos fils d’actualités ces derniers temps, la puissance du son (cf. Chain, Techno stomper de marksman), centriste, toujours entre Techno et House, la dextérité des basslines, reptiliennes et toujours incroyablement bien pensées (cf. Night Cap, bassline of the year ?), les incursions synth, mélodies lancinantes, entêtantes et bien souvent peak-timesques, tout cela sublimé par un mastering sur lequel on ne pourra décidément pas faire l’impasse. En fin de compte, qu’importe l’endroit ou l’envers, chaque track d’Off The Grid vient écraser son flow totalitaire sur nos nuques conquises.
La concision n’étant pas mon meilleur atout, je vais tâcher de résumer mon propos, d’en extraire un échantillon aussi limpide que possible pour les flemmards : Off The Grid EP est la meilleure sortie Nous à ce jour, ce qui en fait par un lien de causalité assez direct la crème de la crème de ce début d’année. Tu saisis ?
PS : le EP sort fin mars, un seul conseil, sois chaud du Paypal.