Les informations ne sont pas légions concernant l’homme qui se planque derrière le moniker un rien merdique de COCAINEJESUS. On sait qu’il est américain, de l’Ohio plus précisément, qu’il ne se prend pas au sérieux et qu’il raconte un bon paquet de merdes lors d’obscures interviews. Le gars commence à se faire un nom chez les exaltés béats de la vaporwave, jusqu’à signer il y a quelques semaines sur un des labels britannique phare en la matière : Dream Catalogue.
La vaporwave. Putain, rien que le nom me file des boutons. Y a des fois où je maudis mes errances nocturnes sur bandcamp. Surtout lorsque je vois des tags associés tels que « cloud rap » ou « trap », et que ça ne parvient même pas à m’empêcher de cliquer. Dans mes représentations sclérosées, la vaporwave et le cloud rap sont les complices parfaits des beauzarteux/postwebards souhaitant accompagner au mieux leur descente (vaguement créative) suite à une ingestion trop importante d’aspegic coupé au smecta. Je ne reviendrais que très furtivement sur les révolutions capillaires que ces genres musicaux ont enfanté, y compris dans nos franquaises contrées. Toi même tu sais, PNL a mis « les révolutionnaires nocturnes debout » en PLS, affublant de ce sourire niais et acnéique ce nombre considérable d’éternels bourgeois fragiles, maintes fois victimisés lors de roadtrips en Essonne pour acheter du semi-seum coupé au pneu à de pseudos-voyous sponsorisés par Pento et habillés par Zavatta. J’aime à les entendre disserter. « La bicrave c’est dur man, y a de la mélancolie à l’ombre des HLM. » Nan mais allez tous jouer à Colin-Maillard au bord d’une falaise.
Si tu n’as pas fermé l’onglet après le pavé hautement objectif et journalistique précédent, je dois t’avouer que je n’ai aucun procès d’intention à faire à la musique de COCAINEJESUS. La preuve, je l’ai écoutée. Et ce plusieurs fois.
Sans pour autant l’avoir trouvée à mon goût, elle ne m’a que très rarement dérangé. Parce que tout d’abord, le gars est tout sauf un manchot avec son Juno. Aussi parce qu’il assume sa kitscherie avec une nonchalance finalement assez touchante et parce qu’encore une fois, il ne se prend pas du tout au sérieux. Rythmiquement, ça a le mérite d’être simplement bien fait et de ne pas péter plus haut que son cul. J’ai un peu mal à la vie quand je l’écris, mais l’américain est malgré tout un mélodiste doué. Il a une manière très convenue d’intégrer de vulgaires et ronflantes infrabasses à ces mélodies en cavalcade, mais jamais sans que ça ne résonne pupute. Dans ce genre, ponctionnant aussi bien dans le patrimoine Ninja Tune que dans la new-age ésotérique, il faut honnêtement convenir que Cuffed Jeans With Ripped Knees et Ascencion Friends sont même remarquables d’immédiateté.
L’album est un peu long, certains titres sont parfaitement dispensables. We’re Worried About You est néanmoins à envisager juste pour ce qu’il est : un disque qui comme son genre ne survivra que le temps d’un été en pente douce, et qui fera son office lors de barbecues vegans entre barbus inattentifs. Voilà qui tombe plutôt bien, puisque certains ne lui en demanderont pas plus.