Avant qu’elle ne rencontre James Murray et sa maison Slowcraft Records, j’avoue que je n’avais jamais entendu parler d’Anne Garner, chanteuse au timbre subtil qui livre pourtant aujourd’hui son quatrième album. C’est même avec un certain retard que je découvrais il n’y a pas si longtemps sa sortie précédente sur le même label, dont l’acquisition vaut à mon sens le coup juste pour deux chansons absolument magnifiques : Haunt Me (regarde donc le clip en plein écran) et Twirled World, qu’il convient de (re)découvrir sans entraves avant de passer à l’album du jour.
Certaines rencontres artistiques relèvent parfois immédiatement de l’alchimie. Celle entre Anne Garner et James Murray fait partie de celles-là. Encore plus minimaliste que sur l’opus précédent, avec quelques notes de piano ou à l’aide de jolies nappes, l’accompagnement du producteur ambient britannique est drapé de l’étendard du « less is more ». Pour mieux souligner ce que transmet la voix, et aussi pour maintenir le caractère intimiste d’un univers qu’on aurait bien tort d’hativement cataloguer comme naïf. Ou alors issu d’une naïveté que nous pratiquons tous et toutes un jour ou l’autre, lorsque si peu de mots sont suffisants pour exprimer l’essentiel.
Le véritable tour de force du disque est d’évoquer un certain spleen sans jamais transmettre à l’auditeur autre chose qu’une lueur d’espoir revigorant, une douceur bienveillante rappelant qu’il est plus que jamais grand temps de rallumer les étoiles. Elargir les champs du possible comme le canevas du temps, pour surtout ne pas le laisser filer.
Ainsi, ne négligeons pas toute la force de persuasion de titres tels All that’s left ou Wherever you go. Le deuxième cité, tout comme Come In, pourraient même rappeler à certains les premiers élans d’Alison Goldfrapp (l’inaltérable Felt Mountain), avant qu’elle ne parte en quenouille avec sa disco bariolée calibrée pour les stades. Citons aussi Wednesday’s Child et Leave your Bed comme justement des titres parfaits au moment de rejoindre son lit ou de le quitter. Be Life, un album lumineux pour joliment colorer d’or et de pourpre les songes d’une nuit d’été.
Ecrin cotonneux propice à la rêverie contemplative, l’album en présence confirme Slowcraft Records comme un label solide dont les sorties sont aussi rares que précieuses, et Anne Garner comme une artiste passionnante qui ravira les (grands) enfants qui n’oublient pas de rêver, même tout éveillés. D’ici là, envisagez Be Life comme quelques minutes de douceur pour mieux accompagner les chaleurs actuelles et comme une alternative heureuse à nos habituels goûts pour la sombritude.