Les liens qui unissent les labels Type et Miasmah ne sont plus à prouver. Depuis la lente mais désormais durable mise en sommeil du premier cité, nombreux furent les transfuges vers l’irrégulière mais souvent pertinente maison de Erik Skodvin (Svarte Greiner). Le très prolifique « leader » et chanteur du groupe chicagoan Zelienople, Matt Christensen, y avait déjà posé en 2016 un Honeymoons plutôt bien accueilli. Après cinq ans de silence discographique, le trio y publie le mystérieux Hold You Up et son artwork littéralement magnétique.
La musique de Zelienople et celle de Matt Christensen ont toutes deux sur moi le même effet. Je m’y ennuie poliment, avec ça et là quelques morceaux qui m’arrachent un peu plus qu’un rictus de modeste contentement. Sûrement parce que le slowcore est un truc qui m’emmerde prodigieusement, et que j’ai de plus en plus de mal avec les projets qui placent la disto, la réverb’ et les overdubs comme des pigments primordiaux. Alors je ne saurais dire si la situation actuelle et particulière de confinement aura joué un rôle dans ce revirement, ou si cet opus est le plus brillant qu’ai jamais produit la formation, mais Hold You Up s’est révélé à mes nobles cages à miel comme particulièrement enchanteur.
Dans ces colonnes, rares sont les disques à prendre au sens propre soin de l’auditeur. A questionner son rapport au vide, son intime relation à l’ennui et à comment et à quel point il investit les temps improductifs. En ceci, Hold You Up est une formidable ode à la paresse, validée par Pôle Emploi. Parce qu’il suspend le temps dans une subtile indolence, que son cadavre d’un slowcore encore chaud esquisse des éclats de pop douce amère qui feraient bronzer l’âme jusqu’ à Charleroi.
De cette voix narcotique et bienveillante, de ces percussions hypnotiques presque balinaises et de cette basse maternelle naît une fluidité désarmante. Quand vient lentement le fade out, on ne saurait dire si le titre a duré trente secondes ou si il s’éternise depuis vingt minutes. Il y a aussi cette sensation étrange qu’ils s’arrêtent sans être vraiment terminés, qu’ils ouvrent vers autre chose et qu’il nous faudra l’imaginer.
Alors on se construit des chambres avec vue sur Le Lamentin, des amours épistolaires qui ne seraient pas vains, on rêve que cette femme de dos humant la poussière nous montre le chemin. Des ritournelles enfantines, où le temps est tout sauf assassin.
Et surtout, pour être moins digressif et plus pragmatique, il y a tous ces moments magiques, comme sur Hold You Up et Just An Unkind Time, où le disque semble faire rencontrer Labradford et Talk Talk, uni dans le folklore américain.
« I Feel Safer. Taking Care Of You » nous dit en ouverture Matt Christensen. En ces temps troublés, cette drôle de promesse pourrait bien être réalité.
Merci !
Et merci pour votre site que je consulte régulièrement.
Merci pour la découverte !
Comme depuis tant d’années…
Amicalement
Chris