Un peu moins d’un an après un Sky Margin de toute beauté, Simon Bainton et Alex Smalley (moitié d’Olan Mill) ré-activent leur meilleur projet : Pausal. Seule véritable alternative en l’absence de Stars of the Lid (avec Hakobune et quelques autres), leur soundscaping dilaté explorant les saisons comme autant de territoires vierges, ne connait jusqu’ici pas le moindre accroc. C’est le discret label Infraction, basé en Ohio, qui compte dans son roster des gens comme Celer, Milieu ou Ben Fleury-Steiner, qui a l’honneur de publier ce nouvel album dans une très belle édition vinyle (la colorée est déjà sold-out).
Le titre de l’opus ne fait pas mystère de la saison aujourd’hui mise à l’honneur. Celle des vents d’anges et de l’ivresse qui l’accompagne, là ou après le givre et l’hibernation, il est souvent question de renaissance. Derrière un artwork tendre et bucolique semblent se révéler des alliages improbables entre huile et eau, au fond très représentatifs de la musique du duo. Une aquarelle grasse et pastelle, sur laquelle on se lovera pour enfin prétendre au miel.
Pour le commun des mortels, Pausal compose une musique linéaire où il ne se passe absolument rien. Tant mieux, gardons tout ce rien pour nous et continuons d’être les otages volontaires de ce qui résident entre les lignes, de ce qui échappe à l’outrage du temps et ce qui maintient les poings en suspension. Cette poésie du pointillé, où les vers gardent le silence en bouffant ce qui ne devait pas être dit.
On devine aujourd’hui avec moins de certitudes la véritable et originelle nature des sources et des signaux ici traités. Le processing électro-acoustique a ses mystères, et c’est sans doutes mieux ainsi. Mais comme pour Stars of the Lid, il semblerait qu’à mesure que la discographie des britanniques prend de l’ampleur, plus le recours aux crins et aux instruments caressés est prépondérant. Tout ceci reste certes foncièrement dilué, sûrement pour que l’auditeur reste focus sur la tonalité générale du tracé. Et pourtant, en fonction du contexte et des heures d’écoute, la musique de Pausal révèle une colossale somme de détails insoupçonnés.
De ceux qui poussent à ne rien faire et à le faire bien. De ceux qui lardent le ciel d’or et les vents de douceur. Pour que le chasseur d’aube ne soit pas touché par la morsure des frimas. Cousus de titre plus courts aussi, mais où le tutoiement des cieux est possible et où les fresques plus amples et plus belles (Orthodox, Truth Symbol – False Idolatry et Trinity) entraînent toujours plus loin. Jusqu’au divin.
Ôde à l’espoir d’à peine plus de trente minutes, Along the Mantic Spring dépeint les moissons de parcelles du temps avec un doigté céleste et des contrastes incroyables. Il confirme ses créateurs au rang des poids lourds de « ce genre d’ambient ». Voilà qui devrait encore une fois rassasier les contemplatifs férus de petits matins blêmes. The Lonely People (Are getting Lonelier) qu’ils disaient.