l m’aura fallu attendre fin janvier pour enfin écouter une sortie techno/house captivante et méritant ainsi une chronique. Mon docile collègue Lexo7 ayant disséqué l’essai de Vril, unique album intéressant en ce début d’année, j’étais donc contraint au repos forcé. Car oui, jusqu’à maintenant, le millésime 2015 m’a laissé totalement indifférent alors même que j’ai écouté une quantité non négligeable d’EPs. Et voilà qu’un illustre inconnu est venu me rappeler que la house est toujours capable de se renouveler en se servant d’ingrédients old-school.
Ozel AB, d’après le peu de sources disponibles sur le net, serait anglais et Crimes est son premier exercice disponible. Que ce dernier sorte sur Lobster Theremin est déjà une consécration pour le bonhomme. En effet, le label londonien, dirigé par Jimmy Asquith, est en train de progressivement exercer son influence sur une scène house UK en pleine mutation. On suit le label avec assiduité et vous pouvez être sur que l’on vous en reparlera cette année.
Le cas d’Ozel AB correspond parfaitement à l’identité du label qui aime jouer avec les codes de la house tout en expérimentant avec finesse. Crimes se compose de 4 tracks irréprochables. Sidestep To Your Left ouvre l’exercice avec une deep-house hyper cul, multipliant les variations tout en restant continuellement veloutée, ronde et accueillante. Que le morceau soit une variation du J.A.N. de Moodymann n’est pas surprenant tant on retrouve ce même attrait pour la cyprine chez les deux créateurs. Digital Natives poursuit cette quête en ralentissant le rythme pour s’installer dans une ambient-house léthargique et collante avant un final improbable en forme de remontée acide salvatrice. Karim Bey peut alors écraser sa house grasse et hypnotique parcourue de fulgurances sci-fi avant que la douceur organique entêtante de La Busqueda achève l’EP.
Crimes est un EP résolument moderne dans son approche de la house, avec ses textures grasses et sa multiplication des virages, tout en étant continuellement dans une esthétique old-school, avec l’importance des vocaux moites et une pointe d’acidité formelle. Le pire étant l’impression qu’Ozel AB nous livre le tout en pâture avec un recul déconcertant confinant à la désinvolture. C’est dire le potentiel du mec.