Hallucinogenic Doom Steppy Verbs est le trip acid le plus fou entendu depuis longtemps. Il ne s’agit plus seulement de s’amuser à expérimenter avec les TR et les TB de papa, mais désormais de tester l’aspect jusqu’au-boutiste de ces charmantes machines androgynes.
Même si l’acid-techno n’a jamais vraiment disparu des radars depuis les années 80, vous n’être pas sans avoir remarqué son retour sur le devant de la scène depuis 2-3 ans, des rugueux Analogue Cops et Rrose en passant par le pompier Daniel Avery, c’est un large pan de la scène techno qui a décidé de revenir aux sources. Mais quand c’est le japonais Kouhei Matsunaga qui s’y colle, vous pouvez déjà prévoir votre séjour en HP en cas d’écoute prolongée. En effet, le mec n’a jamais eu pour vocation d’enfiler des perles. Issu du mouvement noise à la fin des 90’s, Kouhei Matsunaga peut s’enorgueillir de posséder un CV aussi long qu’impressionnant. C’est bien simple, depuis son accointance avec le milieu de l’electronica, il a collaboré avec tout le who’s who du milieu, d’Autechre à Mika Vainio en passant par Conrad Schnitzler et Merzbow. Au total : une vingtaine d’albums et une flopée d’EP sous sa véritable identité, mais aussi sous d’autres alias s’articulant autour de l’acronyme NHK. C’est d’ailleurs sous l’entité NHK yx koyxen (ou NHK’Koyxeи selon les sources) que sort Hallucinogenic, entité déjà utilisée pour les Dance Classics, albums d’expérimentations abstraites fourre-tout et hautement recommandables. Qu’Hallucinogenic sorte sur Diagonal n’est pas un hasard. En effet, le label londonien, très en vu actuellement, est dirigé par Powell, autre habitué des hybridations explosives.
Hallucinogenic Doom Steppy Verbs est outrancier et excessif, limite anar avec son côté « j’explose les règles ». L’EP se compose de 5 titres dont 2 parenthèses noise servant uniquement à nous conditionner. Parce que dès les premières secondes de 845, pièce maitresse de 12 minutes, vous voilà plongé dans la gueule du monstre. L’immersion immédiate s’opère via des oscillations grésillantes sur un beat breaké illustratif. Et c’est parti pour les montagnes russes sous un déluge de gammes acides s’enchaînant sans répit. A mi-parcours, l’ogre desserre sa ceinture, bouffe une amanite tue-mouches, et entame le trip hallucinogène annoncé. La chute est alors infinie, vous liquéfiant le cerveau sans compromis.
Mais l’excès est loin d’être fini puisque la folie prend la suite avec 932, pur produit acid-techno, capable de traumatiser un dancefloor à 3h du mat’. C’est parti pour une danse de St-Guy pour raveurs perchés. Le titre est aussi dingue qu’épuisant, mais c’est tout ce qu’on attend d’une telle proposition. L’anglais XenoglossiX, aka XiX, y ajoute ses vocalises malsaines, notamment sur 953, titre moins ludique, préférant jouer sur une fragmentation de l’environnement sonore avant l’arrivée des, tu l’auras compris, nappes acides assassines.
25 minutes se sont écoulées et vous êtes essorés. Kouhei Matsunaga vous a vrillé le cerveau et désormais, le moindre titre acid vous paraîtra bien timide.