Le tout jeune label Australien Cult Trip poursuit sa lancée dans l’exploration du cross over House / Techno. Nous l’avions repéré grâce à une très prometteuse première sortie de l’américain Grey People, Sludge Ball, galette bi-goût dotée d’un A side Techno de boxer poids lourd fissuré à la meth’ dont la meuf aurait essuyé une main au cul mal camouflée. Le B side pour sa part développait une House huppée, ronde et joliment clappée. Bref, il n’en fallait pas beaucoup plus pour attiser notre attention. C’est donc avec une certaine hâte que nous guettions la deuxième sortie du label.
Pour ce second exercice, le label a choisi de faire appel à un nouveau talent de la scène américaine, J. Albert. A l’occasion de sa première sortie physique, le producteur originaire de Brooklyn choisit de suivre un schéma étrangement similaire à celui de son prédécesseur : un two-tracker bipolaire entre House et Techno, blindé d’enthousiasme et de talent. Approchez-vous un peu que nous regardions cela de plus près.
La première face, Vertigo Contracto, la face Techno, ne s’embarrasse pas de propos liminaire superflu. Un bref sifflement de cassette en guise d’introduction, on se rend bien vite compte qu’on n’est pas là pour jacasser. A peine a-t-on le temps de se faire craquer la nuque que ça dégénère avec l’irruption d’un trio belliqueux : hat martinet, clap laser et kick de légionnaire. Une entrée en matière substantielle, bagarreuse voire presque Punk qui permet de poser le décor de la track, décor bientôt soufflé par l’explosion d’un prodigieux clavier Dub talonné par des tressaillements synth en contre-jour. On ne sait plus très bien où on est et qu’importe à vrai dire. Les coups pleuvent, les corps craquent et nous, nous jouissons tranquillement de la crasse ambiante, bercés par un flot ininterrompu de mandales et coups de canifs. La mort du Cool.
Vient ensuite Holed Up, le fameux B side House dont nous vous parlions un peu plus haut. Après le pugilat, J. Albert nous entraine dans les bas-fonds d’une nuit sans fin, dans les affres de la solitude, « Holed up, tied down, thinking ». Spectre rachitique, bassline poussiéreuse et vocal torturé pour prospecter les mecs qui carburent au Moscontin. Défilé de prunelles désœuvrées. La track prend un envol soudain lorsque vient s’abattre par vagues successives un synth rétro en forme de déferlantes azures. Nous nous y prélassons, nus comme au premier jour, tirant quelques lattes fiévreuses sur une clope mal allumée. Gestuelle oisive, nuques ecchymosées et lèvres contorsionnées au matin dérobé. Bienvenue dans les souterrains de velour.
J. Albert signe ici une première sortie vinyle rêche et maitrisée dans laquelle les textures omniprésentes viennent sublimer l’habileté des arrangements. Saluons enfin l’impeccable travail de mastering de Sir Rashad Becker qui, une fois de plus, démontre toute l’étendue de ses talents. Une plaque fumante dont la classe rétro nous rappelle agréablement certaines des meilleures sorties de L.I.E.S.. Amateurs et amatrices dudit label, vous savez ce qu’il vous reste à faire.