Il en fallait de l’inspiration pour agréger autant d’influences diverses. Revenons donc sur le cas de Valerio Lombardozzi aka Heinrich Dressel. Déjà évoqué sur ce site pour le split album réalisé avec David Kristian aka Francesco Clemente, Il Faro, on rappellera simplement le caractère insolite de l’avatar puisqu’il met en lumière le titre de l’album dont il est question ici. Mons Testaceum fait référence à une colline artificielle située dans le quartier romain qui porte son nom, Il Testaccio. Constituée de tessons d’amphores, elle doit son existence à la volonté de l’empereur romain Servius Sulpicius Galba dans la délimitation d’un dépotoir destiné à recevoir les rebus produits par l’activité portuaire fluviale proche. On comprend ainsi plus aisément le titre et le visuel retenus pour cette réédition. Mais y a-t-il corrélation avec le contenu ? Aucune mobilisable. En effet, il s’agit d’une référence reconstruite issue de l’imagination du musicien, pétrie de ses souvenirs d’enfance au pied de ce terrain de jeu insolite. C’est à ce stade que s’impose la figure tutélaire de Pier Paolo Pasolini avec l’apparition fugace bien que prégnante et hautement symbolique du lieu-dit dans Accatone. Car il y a également pour ce Romain un rapport indéfectible à sa ville. Celui-ci se manifeste par tous les éléments, aussi éloignés soient-ils les uns des autres, ayant jalonné sa construction personnelle.
Sorti initialement en 2007, Mons Testaceum méritait d’être à nouveau disponible. En effet, il explore à rebours le genre de la space music mâtinée de l’efficacité accordée aux bandes-originales cinématographiques. Rien d’étonnant puisqu’on peut aisément faire le pont entre les deux exercices via Tangerine Dream (OST de Firestarter ou The Keep) dès le morceau « Journey Thru the Caves Under The Hill ». C’est à l’enchaînement avec le morceau suivant « The Magic Broken Teapot », qu’une référence filmique se fait jour en la personne de Michael Mann dans ses œuvres les plus anciennes dont le déjà mentionné The Keep ou encore Manhunter. L’OST de ce dernier, partiellement composée par The Reds, pose un cadre adéquatement identifiable avec le morceau de l’Italien. Mais les éléments s’agglomérant au fur et à mesure de la progression, il faut encore aller chercher plus loin chronologiquement, du côté de la Music Library et des débuts de l’électronique pour compléter le tableau. « Ghastly Signals From The Night » est ainsi à placer comme héritier du travail de Bernard Fèvre dans Cosmos 2043. Evidemment, on ne peut guère passer à côté de l’influence d’un Jean-Michel Jarre des débuts. Dans le genre, « Ah tiens, ça me rappelle quand moi et ma mère, nous branchions des synthétiseurs sur des ordinateurs dans les années 80 ».
Sur l’intégralité de l’album, c’est bien le genre rétro-futuriste qui est convoqué. Celui mis en avant par des labels tels que Bunker ou Clone. Ce son qui a caractérisé de proche en proche la mise en lumière de ces sorties néerlandaises au début des années 2000. Ce goût qui s’est imposé dans un pan conséquent des productions et transforme des gens tels que Bernard Fèvre ou John Carpenter, en icônes christiques. Mons Testaceum de par son savoir-faire, sa passion et une identité assumée a perpétué dignement (ce n’est pas le cas de tout le monde…) cette voie.