On ne va pas se mentir. SWQW est le site qui a le plus parlé de Varg en France. Tant et tellement qu’à la moindre chronique de plus à son propos, tu lustres tes débuts de dreads à la bavaria pour te sentir encore plus proche des chroniqueurs de ton webzine préféré. Nous t’en remercions comme il se doit, mais tenons néanmoins à rappeler que le seul responsable de tes expérimentations capillaires houblonnées demeure Varg lui même, dont le talent et le caractère prolifique ne semblent pouvoir se tarir.
Le phénomène autour du suédois est assez hallucinant. Bien qu’officiant dans une confidentialité relative, il parvient à réunir autour de sa musique électronique des férus de black metal et tout ce que la scène sombre et païenne compte comme bouilleurs d’enfants et d’agités hirsutes. De quoi faire de Varg une sorte de David Eugene Edwards des caves suédoises ? Son penchant pour le chamanisme n’étant pas encore pleinement avéré, nous nous abstiendrons de tout rapprochement douteux. Bref, Varg revient cette fois-ci avec un autre pensionnaire de Northern Electronics : son amie SARS. Leur passion réciproque pour le hardware, l’analo et les textures brutes, bien aidée par les talents d’ingénieur d’Abdulla Rashim, devrait accoucher d’une nouvelle bombe. Jusqu’à se renouveler à un tel point que les geeks du deepweb relancent un vieil étiquetage à la con heureusement tombé en désuétude : la vaporwave…
Tu seras, je n’en doute pas, heureux de savoir quelles machines furent utilisées pour enregistrer la tuerie aujourd’hui présentée. Trêve de suspense, et alignons les comme des soldats à la parade : MS-20, Juno 106, Juno 60, RS-09, CR-78, TR-606, RE-501, RE-201, RPS-10 et RRV-10. Rien de très très moderne, et c’est peut-être là, du moins en partie, que réside la performance.
Pratiquement dépourvu de tout beating, l’album en présence dépeint des ambiances aussi humides, froides et résineuses que les forêts scandinaves. Doté du désormais habituel aspect « rituel » propre aux productions Northern Electronics, celle-ci va jusqu’à pousser l’auditeur à s’emparer d’une peau de bête odorante, à se laisser pousser la barbe comme de la merde et à aller bouffer du kiri (gluten free) face à des canopées où il neige même en été.
Je t’épargnerai tout écart, tout élan non maitrisé de poésie scaldique narrant des épopées de nains qui se la frottent contre des feuillus millénaires, des déesses bien trop blondes pour scarifier du géant taxidermiste à la lame de Thor. Je me concentrerai plutôt sur ces atmosphères crépusculaires, jamais avares de sentiers narratifs mythologiques et mystérieux, où les ormes ont des secrets à révéler quand la nuit remue.
Je te dirai aussi que les deux titres où la terrible et fantomatique voix féminine de SARS intervient sont probablement les meilleurs (Stoft Av Löften et I Smärtan Fri) et qu’ils invitent à une terrible envie de fusion avec les éléments jusqu’à céder à des sacrifices ancestraux. À leurs côtés, on ajoutera I Minnen, Fri et Sista Dagen, où l’usage des synthés est aussi réjouissant que ce qu’il en ressort.
Studie I Närhet, Längtan Och Besvikelse est une nouvelle tuerie à ajouter au crédit de Varg, de sa pote SARS et de Northern Electronics. À écouter de nuit, pour échapper à la morsure maussade des petits matins blêmes et pour danser avec le diable au clair de lune.