« Entropie : Grandeur thermodynamique exprimant le degré de désordre de la matière. »
A la tête du label Farmacia901, Fabio Perletta œuvre lui-même dans le domaine de l’expérimentation sonore électroacoustique. Auteur d’un premier album, Transfer, paru en 2012 chez Murmur Records sous l’alias Øe, c’est aujourd’hui avec son propre nom qu’il donne le jour à Field: Atom(s) Entropy.
A la vue de son enveloppe physique quasi inexistante ou de son format très court délimitant une piste unique, on pourrait au départ rester quelque peu sceptique. Ou bien supposer qu’il ne s’agit là que d’une sortie mineure du label. Or une simple écoute au casque à un volume suffisant, tout en ayant pris soin de s’entourer de pans de silence, suffira à déjouer rapidement toute appréhension.
Captivant, tel est le microcosme orchestré par Fabio Perletta. Manœuvrant les champs électriques comme autant de flux en transformation continuelle, il agite, bouscule et anime d’infinies particules suspendues aux versants de l’imperceptible.
L’italien travaille à l’échelle du microscopique et éclate le sonore en ses molécules élémentaires. Il se place face aux limites du spectre, module avec lenteur le détail de ses textures surgies de l’électronique. En résulte cette curieuse impression de frémissements de matière, de bruissements à la fois métalliques et aquatiques, de gouttelettes sursautant sur des ondes apériodiques.
Les fréquences aigues viennent former une cascade de grésillement dont l’épaisseur est reliée au minime, tandis qu’une nappe ondoyante devient le vecteur d’une combinaison empreinte d’une certaine douceur. Les graves se déplacent quant à eux par poussées, pénétrant l’effervescence hasardeuse des échanges de particules. Ici, les textures oscillent et se réinventent, font vibrer l’impalpable pour lui offrir un espace et une présence accrue.
Aiguisant l’écoute sur la lame de l’infime, Field: Atom(s) Entropy éveille la conscience de l’auditeur. Un album qui magnétise et s’étire au-deà de sa durée réelle, qui conjugue le travail des sens à l’expérimentation sonore renvoyant à cette infinie exploration des possibles que peut être la musique.