Let’s Go, les règles du jeu sont clairement énoncées dès les 10 minutes inaugurales d’Into A Better Future : sample circulaire, répétitivité hypnotique, éléments extérieurs parasites, ambiance krautrock hallucinée. Le ton est donné, la messe transe peut débuter. Cependant, un élément manque encore à l’appel, le beat house. Une fois lancée, tout sera alors sublimé.
Into A Better Future est sans aucune contestation possible un des plus bel objet house de l’année. Vous pénétrez dans un royaume d’esthètes, acquis aux références tutélaires, tout en réussissant à ne jamais singer les maîtres à penser. Il faut comprendre que le LP fait clairement référence à toute la scène krautrock des 70’s, psychotropes en options et rétro-futurisme de bon aloi. Edward, son auteur (identité réelle : Gilles Aiken), ne s’en cache pas et sa discographie le trahit d’ailleurs clairement avec ses remixes de Conny Plank, illustre producteur kraut d’Ash Ra Tempel, Neu! ou encore Holger Czukay. Edward aime les ambiances répétitives, basées sur de simples boucles bouffant progressivement l’espace, pour mieux les brouiller ensuite. Sortir l’album sur Giegling est d’ailleurs pertinent tant le label allemand commence à disposer d’une carte de visite (Traumprinz, Vril,…) à faire pâlir ses plus respectés ainés.
Into A Better Future ressemble à une pochette surprise car une fois passée la transe primitive psychédélique, l’album progresse malicieusement vers une house de plus en plus excitante. Et finalement, la règle du jeu s’oublie pour laisser place à un malin sens de l’hédonisme. L’étau house de Yes se resserre autour d’un micro sample entêtant avant de s’en écarter via des intrusions trippées disharmoniques. C’est ensuite à la house rétro-futuriste du morceau éponyme de parasiter nos pensées avec son bric-à-bras d’éléments extérieurs. Le peak-time n’a plus qu’à vous cueillir et Skating Beats de rebondir sur une house cuttée et funky euphorisante.
On se perd alors avec délice dans le fourmillement d’idées d’Edward. Chaque titre recèle de minuscules trouvailles, tombant toujours au moment le moins opportun, mais finissant pourtant par trouver habilement sa place. Car malgré le bordel ambiant, tout répond à un assemblage complexe. Il n’est aucunement question d’improvisation délirante mais plutôt d’agencement relevant de l’orfèvrerie. Le sens de la retenue est d’ailleurs exemplaire, permettant ainsi de se perdre sans subir. Vous êtes désorienté tout en restant enfermé dans un univers homogène. A ce niveau là de maitrise, on ne peut que s’incliner.
Alors quand Edward amorce la descente en vous enveloppant dans la lancinance poétique d’At Ease, on redoute la fin. A raison, tant la clôture imposée par Miracel Steps provoque la frustration. En revenant vers un kraut plus classique, plus hypnotique, la transe recommence pour s’achever trop rapidement. La frustration est totale mais le plaisir intact. Into A Better Future vous a tout simplement emporté pendant une heure dans un espace temps infini, cercle vicieux parfait.
Superbes critiques et découvertes deep house. Je reste scotché sur Grant/Cranks. Merci