« De quoi voulez-vous parler en hiver si ce n’est de l’hiver, de l’ombre tôt venue, du froid ? De tout ce qui vous soutient alors ? – et pour moi, ça ne change pas, c’est la musique. » (P. de Roux)
Les rééditions sont parfois l’occasion de revenir sur des albums qui méritent pleinement d’être redécouverts. Sorti en 2007 en édition limitée sur CDr (et rapidement écoulé), ce disque de Dag Rosenqvist (Jasper Tx) et Rutger Zuydervelt (Machinefabriek) bénéficie aujourd’hui d’une nouvelle enveloppe, remasterisé et doté d’une piste supplémentaire. Il sort sur le label polonais Zoharum, ce même label sur lequel on retrouve le fabuleux album de Strom Noir chroniqué il y a quelque mois dans nos pages.
Le titre et les visuels affirment haut et fort la direction prise. Façonné par et pour l’hiver, traversé par une lumière rasante, Vintermusik est un album irradié par les frémissements et les sursauts du froid. De cette saison propice aux interprétations musicales (voir encore, très récemment, l’album Stillness Soundtracks de Machinefabriek), le duo fait jaillir un trésor de sensations dictées par le fourmillement incessant de mouvements sonores.
Guitares traitées, piano, field recording. Les notes se répètent inlassablement, itératives et obsédantes. Le tissage interne des morceaux repose la plupart du temps sur des ondes de progression qui enveloppent la respiration dans de lentes montées et descentes de volume, propices à l’engourdissement.
Tout est contenu dans l’infini des bruissements et des détails qui se chevauchent et se démultiplient, à l’image de Blåsa Rök/Rook Blazen. Matières fracturées, éclats de neige suspendus, herbe gelée. Une certaine ambivalence transparaît parfois, comme sur Ljus I November/Licht In November, avec ses éclats de rire qui émergent de drones pénétrants et agressifs, ou la délicatesse étrange d’un piano pris dans un brouillard électrique.
Vintermusik explore ainsi les sillons et les jointures de l’hiver jusque dans ses moindres frissonnements. Irisé d’une lumière particulière, il vient rappeler que le froid recouvre tout, même l’absence.