D.A.S. D.A. : un acronyme qui, de prime abord, semble indiquer une provenance scandinave. On imagine bien un suédois hébergé chez Northern Electronics, un mec qui se cache derrière des initiales dissimulant un obscur message satanique, le type même d’avatar dans l’air du temps permettant de générer un semblant de frisson chez des auditeurs éternellement à la recherche de la nouvelle sensation techno « underground ». Faut aussi avouer que la techno de D.A.S. D.A. répond à ce questionnement : ambiance apocalyptique en forme d’épopée noise.
Mais non, D.A.S. D.A. n’est pas nordique et ne renferme aucun message démoniaque. D.A.S. D.A. c’est 5 initiales pour un projet mené à 5 avec en tête de gondole les fondateurs du label berlinois Repitch Recordings. Dans l’ordre, ça donne D. Carbone, Ascion et Shapednoise. Les habitués du site sont donc en terrain connu et je vais vous éviter les bios insipides de producteurs à la vie aussi passionnante que la votre. Ajoutons à ce trio AnD, aka Dimitri Poumplidis et Andrew Bowen, et vous obtenez le quinté dans l’ordre. Ces gus ont d’ailleurs déjà bossé plus ou moins ensemble lors des précédentes éditions de ces Features.
L’idée de sortir un EP composé avec une équipée aussi nombreuse est clairement casse-gueule, la réunion pouvant vite tourner à l’empilement de strates sans queue ni tête. Et pourtant, les mecs ont réussi à transcender leurs égos pour aboutir à un objet maitrisé de bout en bout. Features / Vol 4 est une masse avançant avec assurance, un tout qui vous claque dans la gueule avec grâce et crasse. Cette violence qui fait bloc vous maintient sous pression durant 25 minutes dans une immersion totale. Les titres sont lourds, l’écoute est physique.
Les 5 tracks ignorent l’idée même de mélodie, ou alors faut-il tendre l’oreille pour percevoir ces nappes dark-ambient qui ne sont là que pour mieux envelopper la carapace d’acier. Le principal se joue dans le déferlement noise qui se mélange avec les coups de butoirs d’une techno-indus revancharde. Le beat est martial et cinglant, jamais permanent pour éviter l’impact purement techno.
Le nom redondant des morceaux, Corrupted Data, illustre parfaitement cette ambiance de destruction des schémas électroniques qui n’en finit plus de s’acharner. Les éclatements métalliques s’enchaînent, nous laissant évoluer dans un paysage de destruction post-industrielle. D.A.S. D.A. écrit la bande son d’un futur carnassier dont il faut mieux maitriser dès aujourd’hui les codes pour mieux apprendre à l’affronter.