Album que l’on ajuste au plus près de soi, en guise de couverture pour les soirs de solitude, le premier album de Brambles est fait de cendres humides, d’ombres frileuses, et de douceur éclose.
Quand un label comme Serein, où les sorties se font plutôt rares mais atteignent bien souvent des sommets de beauté ambient (Retold et Body Pilot de Nest, notamment), annonce un nouvel album, forcément, on tend l’oreille. L’anglais Marc Dawson sort ici son premier disque sur le label gallois, un disque creusé dans sa substance la plus personnelle, et arqué sur le métier de vivre.
Les morceaux de Charcoal investissent des lieux variés, parfois étranges, tous colonisés par des textures riches et intrigantes. Une atmosphère mystérieuse mais toujours paisible exsude des mailles instrumentales et des fields recordings. Guitare acoustique, piano, cordes, ou saxophone se fondent dans le son d’un grincement, dans la conduction du vent. Salt Photographs est gorgé de cliquetis, de froissements. Des choses qui se consument, du passé au goût de sel que l’on saisit à travers une eau qui se donne en écho.
To Speak of Solitude. Des battements d’ailes, pour s’envoler des agitations stériles, tourner les talons. Quelques notes de guitare, profondes et itératives, rythment le lent mouvement d’une marche avec soi-même pour seul compagnon de route. Par-dessus le bruit de quelques carillons au lointain, la clarté du piano rappelle à quel point la satisfaction de s’en retourner au fond de soi peut être lumineuse et impérieuse.
Charcoal est un album baigné de froid et d’obscurité, mais qui, à aucun moment, ne laisse la tristesse prendre le dessus. Ressort toujours de ce disque une force sereine, au plus proche du mouvement de vivre. Arête et son inquiétude qui reste toujours latente, sublimée sous l’avancée des cordes et des craquements de bois. Deep Corridor, dont les sources sonores tendent à nous plonger en apnée sous la mer. Douce immersion sous des bruissements, un battement sourd, et des chœurs dont les flexions tendent à se superposer à celles des vagues.
L’essence est à aller chercher du côté de l’indicible. Cet album tente d’exprimer ce qui se dérobe à une mise en langage. Une ondulation de vie. Ce n’est pas un hasard s’il se referme sur Unsayable, pour une dernière mélodie, sans ajouts cette fois, au piano. Radioscopie de l’existence dans des déclinaisons charbonneuses, Charcoal amène à envisager la vie avec un optimisme d’une sombre beauté.